Et voilà l'imposture se découvre. Madame le ministre de la culture maniant habilement le verbiage des années "lang" nous apprend, nous confirme le dégagement de l'état de ces missions régaliennes sur la culture... qui paiera ? Les collectivités locales, l'éducation nationale. L'état comme un gendarme désarmé face aux lobbies et aux influences de toutes parts. Monsieur Ecologie démissionne n'acceptant plus la prédominance des intérêts économiques à courts termes. Que reste-t-il de la modernité promise ? La fuite devant les problèmes du monde. Le fantasme de la productivité et de la croissance. Nous sommes bien encore aux dix neuvième siècle. Bravo Monsieur Thiers !
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Words, words, words Madame !
La diversité de la scène artistique française est un trésor national. Alors que nous sommes au cœur de la saison des festivals, qui en est le parfait miroir, ne tenons pas l’existant pour acquis. N’oublions pas que les biens les plus précieux sont aussi les plus fragiles. La diversité est un combat permanent, mon combat permanent, depuis un an désormais. C’est le combat pour l’indépendance, la reconnaissance et la juste rémunération des artistes, face à la loi du marché. C’est le combat contre l’abandon du paysage artistique aux seules puissances de l’argent et aux exigences de la rentabilité. C’est le combat pour qu’aucun bâillon n’entrave des voix comme celles d’Olivier Ciappa, Roméo Castellucci ou encore Médine. C’est la protection intransigeante des libertés de création, de programmation, de diffusion, contre la tentation de la censure préventive, les dérives réactionnaires, les extrémismes, les populismes. Nous avons la responsabilité de tenir bon, collectivement. Tenir bon face au spectre de l’uniformisation charrié par la mondialisation. Tenir bon face aux défis économiques, sociaux, politiques qui traversent notre pays et qui font pression sur notre modèle culturel. Tenir bon, aussi, face à nous-mêmes, dans la hiérarchisation de nos priorités, dans nos choix budgétaires : la diversité n’a pas de prix, mais elle exige des moyens, sur lesquels nous ne pouvons pas rogner. Les premiers à incarner cette diversité sont les acteurs que mon ministère soutient, à commencer par le réseau labellisé qui maille notre territoire depuis plus de soixante-dix ans (centres dramatiques, scènes nationales, scènes conventionnées, centres de création musicale, scènes de musiques actuelles, opéras, centres chorégraphiques, fonds régionaux d’art contemporain…) ainsi que les compagnies, orchestres, festivals, friches artistiques, cirques… Ils sont des centaines de lieux, des milliers d’artistes, dans toute la France, à assurer de véritables missions de service public, s’engageant pour nourrir la création artistique et pour la diffuser. Ils sont acteurs de la transformation de notre pays. Ils sont aujourd’hui au cœur d’une triple ambition que je porte, au service de nos concitoyens, au service de notre société. Première ambition : développer un service universel de l’enseignement artistique. Pratiquer un art - faire de la musique, du théâtre, de la danse, du dessin … - doit devenir un pilier de l’éducation de nos enfants, au même titre que lire, écrire ou compter. Les artistes et les institutions culturelles ne demandent qu’à s’engager. Ils sont déjà nombreux à le faire. Ouvrons-leur en grand la porte des écoles pour changer notre modèle scolaire. L’enseignement agricole a su montrer la voie dès les années 60 en instaurant dans tous les diplômes une nouvelle discipline, l’éducation socio-culturelle, et en donnant à ses professeurs un tiers temps pour monter notamment des projets avec des artistes et des structures culturelles. Tous les programmes scolaires, de la maternelle au lycée et dans toutes les filières, doivent emprunter ce chemin. Deuxième ambition : combattre les ségrégations sociales et géographiques. Il faut ouvrir une nouvelle page de la décentralisation culturelle, battre en brèche l’entre-soi parisianiste et valoriser davantage les initiatives artistiques territoriales. Mon ministère dépense aujourd’hui dix fois plus en région parisienne que dans le reste de la France. J’ai commencé à rééquilibrer les efforts budgétaires cette année et j’ai pris une série de mesures pour renforcer le soutien à ceux qui s’engagent dans les zones rurales, les villes moyennes, les quartiers. Je ferai cet automne un premier bilan des politiques engagées, pour prolonger le mouvement en 2019. Troisième ambition : réinvestir la politique culturelle pour la jeunesse. Nos critères de soutien sont caducs. Il est urgent de moderniser les grilles de subventions du ministère de la Culture. L’offre culturelle plébiscitée par les nouvelles générations, ces projets expérimentaux, tiers-lieux, espaces hybrides, qui sont à la croisée des genres et des disciplines sont aujourd’hui les laissés-pour-compte du budget du ministère de la Culture. Demain, ils seront soutenus. Réinventer la politique culturelle pour la jeunesse, c’est aussi accompagner davantage les labels, les musées, les structures qui offrent à la jeunesse des espaces de création, proposent des formations, ouvrent des répétitions, organisent des rencontres avec des artistes. Réinventer la politique culturelle pour la jeunesse, c’est enfin la projeter à l’échelle européenne. Je souhaite porter le projet d’Erasmus de la culture avec les labels volontaires en soutenant tous les partenariats qui favoriseront la formation et la circulation et les échanges des jeunes à travers l’Europe. Nous ne pouvons pas être seuls à porter ces ambitions. Au sein de l’Etat, tous les ministères ont vocation à s’engager : j’aspire à une action et une parole interministérielles fortes. La culture n’est pas un domaine réservé, c’est une responsabilité partagée. Nous ne pourrons rien, par ailleurs, sans les collectivités territoriales, qui sont les premiers financeurs publics de la culture en France. Je leur ai proposé un pacte de coopération refondé, qu’elles ont accepté, autour d’une exigence commune - la solidarité en faveur des territoires les moins favorisés - et d’une priorité partagée - l’éducation artistique et culturelle. Elles sont pour mon ministère des partenaires privilégiés. Le temps de l’Etat jacobin et donneur de leçon est révolu. J’appelle aujourd’hui toutes les forces vives de notre pays à se mobiliser à nos côtés, pour réaffirmer la place des arts et de la culture dans notre projet de société. On nous parle. On nous parle sans cesse. On ne peut plus arrêter le flux de l’information et l’information se dilate à l’infini. On vit dans une spirale de dépêches et d’images qui se déclinent obsessionnellement. On est les êtres les plus informés de l’Histoire et pourtant on ne comprend plus grand-chose de ce qui nous entoure. C’est cette incompréhension qui nous paralyse, qui nous rend tristes, passifs ou agressifs. Quels sont les territoires où on peut encore se poser, prendre le temps, réfléchir ensemble et nommer ce qui nous traverse ? Le théâtre a toujours été un espace de débat et de pensée. Est-il encore investi par ces attributs aujourd’hui ? Comment garder une distance vis-à-vis de ce système qui a tendance à évaluer la puissance d’un acte artistique par rapport aux recettes engendrées ?Dans un moment où on essaie de mesurer son « efficacité » par les mêmes paramètres qu’on applique aux multinationales, comment peut-on garder encore la singularité de ce territoire où une autre pensée peut se déployer ? Qui est le garant du sens d’un acte artistique dans un contexte où on demande au metteur en scène d’assumer aussi la fonction de producteur du spectacle, de directeur d’une compagnie qui est évaluée avec les outils du néolibéralisme ? Ça pourrait être l’auteur-écrivain, mais sa place a été de plus en plus réduite, et avec le temps on l’a transformé en collaborateur secondaire au service du metteur en scène. Comment garder une distance vis-à-vis de ce système qui a tendance à évaluer la puissance d’un acte artistique par rapport aux recettes engendrées ? Comment échapper à la tentation de créer des spectacles vidés de sens qui séduisent uniquement par leurs formes, car elles correspondent à l’esthétique dominante qui conforte sans rien déranger ? Ebranler ses propres convictions La première chose qu’un artiste devrait oublier, c’est le besoin d’être aimé par son public.... |
AuteurAlain Duclos Archives
Janvier 2019
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