Jacques et son maître
Deux voyageurs sur un chemin, le chemin est long, l’ennui guette… les histoires, les contes sont là pour passer le temps, . La structure est connu. On peut citer entre autres les Contes de Canterbury, le Decameron de Boccace, la Barca di Venetia per Padua de Biancheri… des voyages ponctués de citations, de gauloiseries, de moralités qui se déclinent les unes après les autres comme autant d’épisodes complets d’une série. Mais… le voyage que nous propose Diderot est autrement plus escarpé, en vrai père spirituel de l’oulipo il déconstruit la narration mettant en doute continuellement la notion même d’histoire, nous entraînant dans les entrelacs d’histoires croisées, faisant apparaitre pour les faire disparaitre aussi tôt une multitude de personnages, créant des catastrophes qui n’auront jamais lieu, et qui donc jamais ne pourront être sérieuses. Il tourbillonne, nous laissant pantois entre rire et irritation. Et si l’on peut identifier 16 personnages ce ne sont que les icebergs d’un monde bouillonnant, virevoltant, vivant. D’un monde aussi complexe que le notre tout aussi incapable de donner une morale, tout aussi incapable de conjurer l’inexorable sinon par le rire.
16/17 décembre 2021 |